Franchement, qui ne s’est jamais retrouvé devant une œuvre contemporaine en se demandant : * »C’est génial ou c’est une arnaque ? »*. Une toile blanche, un néon qui clignote, un truc suspendu au plafond… et là, le doute. Est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Ou est-ce qu’on est en train de se faire balader ?
Je vais être honnête : même après des années à fréquenter des galeries, à discuter avec des artistes, à lire des catalogues de vente jusqu’à plus soif… ce doute, il ne disparaît jamais complètement. Et c’est peut-être ça, le signe qu’on est encore vivant face à l’art.
Alors, comment on fait pour s’y retrouver ? Voici quelques clés, pas miracles, mais concrètes, pour vous aider à flairer les œuvres qui *ont du répondant*.
1. Est-ce que ça vous parle… ou pas du tout ?

Première question, toute bête, mais capitale : vous ressentez quoi, là, tout de suite ? Gêne, fascination, malaise, excitation, rire ? Même un agacement, c’est bon signe.
Parce qu’une œuvre contemporaine qui vous laisse totalement indifférent… c’est rarement bon. L’art, c’est pas une équation à résoudre, c’est une expérience. Si ça vous touche, même sans comprendre pourquoi, y’a déjà un truc.
Perso, je me souviens d’un tableau vu à Arles, signé Romain Bernini – un tigre au milieu de rien, avec un fond bleu pétrole hyper dense. J’ai pas compris sur le moment. Mais j’y ai repensé trois jours. Et ça, c’est rare.
2. L’artiste a-t-il une vraie démarche, ou c’est juste de la déco hype ?
Un autre truc à checker : est-ce que l’artiste a un propos ? Une série, une obsession, un fil rouge ?
Regardez son parcours. A-t-il exposé dans des lieux reconnus ? A-t-il développé une vraie cohérence entre ses œuvres, ou est-ce que ça part dans tous les sens, façon “je teste tout ce qui buzz” ?
Sur son site, ou en galerie, il doit y avoir un minimum de texte qui explique ce qu’il cherche, ce qui l’anime. Pas forcément un roman. Mais un cap. Si vous ne trouvez que des mots creux (« exploration des limites de la perception immersive dans un monde post-digital »), méfiez-vous. C’est peut-être du vent.
3. Est-ce que d’autres gens s’y intéressent… pour de vrai ?

Bon, là on rentre dans du plus stratégique : qui suit cet artiste ? Est-il représenté par une galerie sérieuse ? A-t-il été exposé dans une biennale, un centre d’art ? Est-ce que ses œuvres se vendent, un peu, beaucoup, à des collectionneurs identifiés ?
Attention : ce n’est pas parce qu’un artiste vend à 10 000€ que c’est génial. Et inversement. Mais ça donne des signaux.
Un artiste repéré par une galerie comme Templon ou Perrotin, ça veut dire quelque chose. À l’inverse, si vous tombez sur un “génie méconnu” qui claque des NFT dans tous les sens et qui change de nom d’artiste tous les six mois… prudence.
4. La technique : est-ce que c’est bien foutu ?
Ça peut paraître basique, mais ça compte. Même dans l’art contemporain.
Est-ce que c’est bien réalisé ? Est-ce qu’il y a une maîtrise technique derrière l’apparente simplicité ? Parce qu’une œuvre « naïve » peut être ultra pointue dans sa conception. Et parfois, ce qui semble brut est en fait très calculé.
J’ai vu une sculpture en béton à la FIAC, ça paraissait grossier. En fait, l’artiste avait bossé des semaines pour obtenir une texture précise, inspirée des murs de Beyrouth après les explosions. Là, respect.
5. Et vous, vous seriez prêt à vivre avec ?

C’est LA question à se poser, surtout si vous songez à acheter. Est-ce que cette œuvre, vous pourriez la voir tous les jours sans vous en lasser ? Est-ce qu’elle vous stimule, vous inspire, vous fait réfléchir ?
C’est pas juste un achat, c’est un début de dialogue avec un objet. Si au bout de deux jours vous n’y prêtez plus attention… c’était peut-être pas la bonne.
En résumé ?
Pas besoin d’avoir fait 5 ans d’histoire de l’art pour sentir si une œuvre « vaut le coup ». C’est un mélange de ressenti perso, de contexte, de curiosité et de bon sens.
Posez des questions. Creusez un peu. Demandez à voir d’autres œuvres de l’artiste. Et surtout, faites-vous confiance. Parce que c’est pas un test, c’est une rencontre.
Et vous, c’était quoi la dernière œuvre qui vous a vraiment accroché ? Qui vous a laissé un goût étrange en bouche, ou un sourire qui revient sans prévenir ? Parce que c’est peut-être ça, au fond, une œuvre qui vaut le coup.